Avignon à vélo
Avignon ville papale, Avignon ville théâtrale, Avignon… à pédale
En l’an 2000 de notre ère, quand je suis arrivée dans la ville, c’était encore la préhistoire – cyclablement parlant bien sûr ! Car une ville médiévale, avec ses placettes et ruelles pavées si pittoresques, c’est plutôt prévu pour des gentes dames qui paradent, de preux chevaliers qui font claquer les sabots de leurs destriers, et quelques notables en carrosse, et encore, pas tous en même temps ! Alors il va sans dire qu’avec une rangée de voitures (mal) garées, parfois même deux, des petits trottoirs encombrés de poussettes, de mamies à caddy et de touristes qui déplient des cartes, une chaussée où le conducteur règne en maître absolu depuis 50 ans, où était la place du vélo ? Je vous le donne en mille : dans le garage !
Vélo Pop, des vélos en location à Avignon
En 2009, la ville a installé des vélo Pop, les Vélib d’Avignon, les mêmes, mais en couleurs… ben, pop. Puis des âmes politiques qui ne craignaient pas l’adversité se décidèrent à dédier aux deux-roues -et à eux seulement !- l’une des 3 voies du pont Daladier, le pont qui enjambe le Rhône face à la ville pour relier les départements du Gard et du Vaucluse, fort emprunté aux heures de pointe.
Puis le tour des remparts du XIVe, jusque-là immense parking désordonné avec voitures et camionnettes garées façon mikado, fut débarrassé de cet empilement, kilomètre après kilomètre, au profit de larges voies piétonnes, cyclistes et tram.
Puis on créa le Chemin des Canaux, cette échappée à vélo le long du Canal de Vaucluse, côté Est, qui voit aussi débarquer les cyclistes de la Via Rhôna en provenance de Lyon, ou de Genève, qui sait ?
Puis la multiplication des arceaux pour garer son vélo, la mise en sens unique de grandes artères pénétrantes et sortantes de la ville, avec l’arrivée du tram et des pistes cyclables qui bordent la voie, la piétonisation progressive du centre, et bientôt la Durance à vélo, côté Sud…
Bref, du tout-voitures on est soudainement passés à l’ère des déplacements doux. Enfin, le vélo, dans un nuage de poussière, pouvait sortir du garage !
Travail et vélo
Selon l’INSEE, Avignon se place à la 15e place des 128 villes françaises de plus de 50 000 habitants pour la part modale vélo sur les trajets travail-domicile (INSEE 2021).
Et c’est vrai que chaque matin, ici, la première raison de prendre son vélo pour aller travailler nous strie la peau à travers les persiennes : le soleil ! En même temps, c’est rassurant de savoir qu’on a peu de chance de se prendre une bonne rincée en chemin et que son charisme sera donc intact pour la première réunion de la journée ! Oui, le soleil de Provence est là, 300 jours par an, qui encourage doucement les indécis.
Le relief aussi, totalement plat côté rive gauche du Rhône.
Parcourir Avignon à vélo
Les remparts :
L’histoire papale transparait au détour de chaque ruelle. Si on descend du train à la gare centrale, les remparts, pile en face, donnent le ton. Surtout depuis qu’ils posent tout fiers, sans les vilains parkings qui les ont longtemps défigurés, derrière leur jolie bande fleurie et en décor parfait d’une balade à vélo ou d’un footing matinal sur la bande cyclable ! Erigés à partir de 1325 sous le règne du pape Innocent VI à la place des anciennes murailles, devenues trop étroites pour l’aéropage pontifical et les envies de grands palais des cardinaux, ils ceignent la ville entière de leurs presque 5 kilomètres de pierre blanche et jolis machicoulis. On ne pourra certes pas en faire complètement le tour à vélo, mais on pourra s’amuser à sillonner la ville intra-muros, ressortir par la Porte du Rocher, entrer par la Porte de l’Oulle et se tricoter ainsi un itinéraire médiéval qui offrira forcément, lors d’une sortie vers le Rhône, une vue sur le Pont d’Avignon.
Sous les pavés, la vie (culturelle) :
Maintenant qu’on est certains de ne pas se perdre, puisque les remparts définissent l’intra-muros, et si on ne craint pas les soubresauts des rues pavées, on peut partir explorer la ville historique. A deux minutes de la gare centre, le Palais des Papes, étape obligée mais si grandiose, avec ses jardins pontificaux récemment restaurés. Et juste derrière, calée au pied du rocher des Doms, la Manutention. Tous les Avignonnais connaissent ce concentré de lieux et personnalités branchouilles, entre le cinéma d’art et essai Utopia, le restaurant italien chic sous ses hauts plafonds, le bistrot où l’on commente après la séance le dernier Ozon, le passage des artistes, et la salle de concerts jazz de l’AJMI. Bref, c’est vivant, ça discute, ça vibre, et vous l’aurez deviné, si je prends mon vélo le soir, c’est vers là que mes roues me guident immanquablement.
Et pour préparer son pique-nique du lendemain ?
Le cœur gourmand de la ville, ce sont bien sûr les Halles. Où l’on pourra acheter pain bio, saucisson de l’Ardèche, olives de Nyons ou picholines de Provence, petit Côtes du Rhône gourmand et sur le fruit, sans oublier une petite douceur de la pâtisserie Jouvaud ou Maison Violette, tout ça pour un pique-nique in style. Ou décider finalement d’y déjeuner de 12 huîtres avec un verre de Picpoul du Pinet, ou bien sur un haut tabouret à Cuisine Centr’Halles, chez Jon, le grand californien, qui, quand il ne cuisine pas aux Halles, organise des circuits à vélo pour les Américains qui veulent suivre l’itinéraire du Tour de France. So chic.
Bain de verdure sur l’Ile de la Barthelasse
Pas besoin de parcourir des kilomètres pour se retrouver à la campagne ! Ma croisière (de 2 minutes et demi) du samedi, c’est la navette fluviale -gratuite et avec espace vélos- qui dessert l’Ile de la Barthelasse. Accessoirement, c’est de là qu’on a la meilleure vue sur la ville ! Et si la navette n’est pas là, pas de panique, il reste le Pont Daladier, avec sa 3e voie dédiée aux cyclistes, et on est sur l’île en 5 minutes trois quart. Ouf ! C’est là qu’est la Ferme de la Reboule, où j’achète mes légumes pour la semaine, c’est là aussi que sont les meilleurs spots pour un pique-nique avec vue sur la ville. En balade digestive, on peut prendre l’un des itinéraires à vélo entre vergers de pommiers et champs de courges à travers l’ile. Et le soir, aller déguster un petit Ventoux et grignoter au Vinotage, la péniche-bar à vins ancrée un peu plus loin sur l’Ile Piot, en profitant de l’heure dorée sur le Palais des Papes avant extinction des feux. Avec son amoureux, ses potes ou son bouquin.
Informations pratiques
Réparer son vélo : Roulons à Vélo / roulonsavelo@laposte.net / 04 90 32 83 55
Louer son vélo : chez South Spirit Bike, Provence Bike ou Dynamo Cycles
Le vélo à Avignon en chiffres :
184 km d’aménagements cyclables, dont plusieurs voies vertes
3100 places de stationnement vélos
80 places de stationnement en consignes sécurisées
10 stations de gonflage-réparation
30 stations vélo-pop, avec plus de 300 vélos en libre-service
35 professionnels du tourisme labellisés « Accueil vélo »